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Je ne sais pas qui a inventé le mot tableur. J'ai eu beau chercher dans la collection complète de L'Ordinateur Individuel et dans plusieurs dizaines de dictionnaires, lancer des messages dans des newsgroups, rien de bien consistant n'en est sorti. Peut-être un lecteur pourra-t-il m'aider?

Le tableur est pourtant la plus belle invention de la micro-informatique. On la doit à deux individus, Dan Bricklin et Bob Frankston, inventeurs du logiciel Visicalc (pour Visible Calculator) en 1978. Bricklin était un informaticien qui avait repris ses études à Harvard en 1977, après une première expérience professionnelle où il avait travaillé sur les traitements de textes destinés aux mini-ordinateurs de DEC. Il cherchait explicitement à trouver une utilité aux micros, et pensait qu'ils pouvaient simplifier la gestion des entreprises. Bricklin était aussi un idéaliste qui pensait que les logiciels devaient être la propriété de tous. Il refusa de déposer un brevet. D'autres s'en chargèrent. Publié au printemps 1979, quelques mois avant Wordstar, le premier traitement de texte, et huit ans après la calculatrice, le tableur venait révolutionner l'histoire du calcul et l'ensemble des rapports entre l'Homme et le chiffre. Excessif? Je ne crois pas. Le tableur est d'abord une pure invention, peut-être la seule de toute la micro-informatique. Les jeux vidéo, le traitement de texte, Internet, le web, les bases de données, la photo numérique, tout cela a été inventé soit bien avant, soit tout-à-fait indépendamment du micro. Seul le tableur a été créé ex-nihilo pour ces nouvelles machines. Avec Lotus 1-2-3, à partir de 1982, c'est d'ailleurs le tableur et lui seul qui les fit entrer dans les entreprises. Le destin du tableur et celui du micro sont ainsi intimement liés. Mais il y a plus. On considère souvent que le tableur est un "traitement de chiffres", au même titre qu'il y a des traitements de textes. Mais le tableur fait subir aux chiffres bien plus que ce que le traitement de texte fait aux mots. Il les travaille, les ordonne, en fait naître d'autres, et leur donne un nouveau sens. L'équivalent littéraire du tableur serait un traitement d'idées. Alors que le traitement de texte n'est qu'un logiciel de présentation et de stockage, le tableur fait tout cela mais bien plus encore.

Dès l'origine, en américain, le tableur fut un spreadsheet. Le mot, et l'idée, existaient déjà dans un dictionnaire américain de comptabilité de 1952 (Eric L. Kohler's Dictionary for Accountants ). Une spread sheet (les deux mots étaient séparés) désignait une feuille de travail comportant une matrice permettant de vérifier les calculs comptables par une double approche, en ligne et en colonne. Mais le mot ne se traduisant pas bien en français (feuille d'étalage?), et son origine y étant inconnue des informaticiens, un grand flottement lexical s'ensuivit chez nous. Comme le tableur original s'appelait Visicalc, on commença par parler de calque. En mai 1982, dans L'Ordinateur Individuel, l'essai d'un concurrent de Visicalc, intitulé Supercalc, suggère une mise en facteur de calc, aussitôt traduit. Mais si les initiés voient d'où ça vient, et relient calque à calcul, les nouveaux venus ne voient pas le rapport entre un logiciel de calcul et eune feuille de papier calque. En juillet, calque est remplacé par "calculateur visible", décalqué de Visicalc, en septembre, on se résignera à un "tableau magique", aveu d'une défaite de la raison. Un an après, le numéro récapitulatif « Cinq ans d’informatique individuelle », risquera un "tableur ou calque" qui signifie la fin d'une époque. A partir de la fin 1983, on dit tableur.

Qui fut l'inventeur du mot? Un journaliste français, un spécialiste québécois? Je l'ignore, mais ces trois ans de tâtonnements ne furent pas perdus, car tableur est bien supérieur à spreadsheet. Le mot français est plus général, ne reste pas collé à la glèbe comptable, et il est en plus actif. C'est justice, car le tableur agit bel et bien sur ce qu'on entre dans ses cellules.

Tendance

Mot solidement implanté, sans concurrence chez les noms communs. Mais le danger vient justement de l'absence de concurrence. Le monopole de fait de Microsoft sur le marché du tableur, fait d'Excel, le produit de la marque, un nom de moins en moins propre. "Tu me fais ça sous Excel" demande le directeur financier à son contrôleur de gestion. Tableur règne donc sur un royaume qui n'a qu'un seul sujet.

Dico

L'entrée de tableur dans le Petit Larousse fournit un bel exemple des difficultés culturelles françaises à s'emparer du domaine. Le mot est bien présent dès 1987, mais sous l'extraordinaire définition suivante: ""logiciel permettant d'opérer une partition fine d'un écran d'un visuel" ! La bourde sera corrigée dans les années quatre-vingt-dix avec " programme de création et de manipulation interactives de tableaux numériques visualisés", qui n'est pas un modèle non plus, mais qui dure à ce jour.
Les autres langues européennes n'ont pas trouvé tableur: le portugais utilise spreadsheet, l'italien foglio elettronico, l'allemand Kalkulationstabelle et l'espagnol hoja de balance.


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