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Moteur (de recherche) Yahoo, ou Voilà, sont des moteurs de recherche, c'est-à-dire des sites web sur lesquels on peut trouver l'adresse d'autres sites web en entrant un ou des mots-clés. On comprend bien recherche, mais pourquoi moteur ? C'est une histoire de fausse piste. Depuis une quarantaine d'années, le mot désigne en informatique un gros programme (quand il est petit, un moteur est une routine) capable d'accomplir une même tâche dans des contextes différents. Par exemple, dans un jeu vidéo, le moteur 3D, est le programme qui s'occupe d'afficher, le plus vite et le mieux possible, l'image engendrée par le programme principal. Il peut servir à afficher du basket comme du football. Il y a comme ça des moteurs d'inférence en intelligence artificielle, des moteurs de base de données, et ainsi de suite. Des programmes commerciaux différents peuvent être secrètement animés par le même moteur. Le monde du logiciel, immatériel, a procédé par analogie avec le monde matériel des machines, où un moteur est une pièce qu'on peut monter et démonter et appliquer à différentes tâches, couper du bois, déplacer une automobile, pomper de l'eau. Moteur est ici une traduction de l'anglais engine. C'est là où ça se complique. Car engine en anglais comme moteur en français ont pris leur sens principal parallèlement, au début de la première révolution industrielle. Owen, le véritable inventeur de la machine à vapeur (steam engine) dépose son brevet en 1713. Par la suite, les deux mots désigneront chacun de leur côté un dispositif, une machine qui transforme l'énergie en mouvement. Le français a privilégié cette notion de mouvement, dont moteur partage la racine, le latin movere. L'anglais a été plus ingénu, plus génial, plus ingénieux, trois adjectifs qui, comme engine, viennent du latin ingenium, qui veut dire disposition naturelle. Mais, du latin à l'anglais, le français avait servi d'intermédiaire avec engin, qui subsiste encore. Or un engin, à la fin du Moyen-Age était devenu une ruse, un dispositif militaire, et, en anglais, un instrument de torture. Des deux voies suivies par les deux langues cousines, la française était la plus plate, logique certes, mais descriptive. L'anglaise était plus rusée, plus dense en connotations. Le français a bien sûr le génie, des ingénieurs, des ingénues, mais il a dû réimporter l'ingénierie et il a écarté bien loin de tout cela les moteurs. Et du coup, moteur de recherche ne se comprend guère plus que comme une traduction. L'informatique pourtant avait prévenu longtemps à l'avance. On s'accorde à lui reconnaître deux grand-pères, l'un français, Blaise Pascal, et l'autre anglais, Charles Babbage. En 1642 Pascal avait inventé sa machine d'arithmétique., ancêtre des calculatrices. Deux siècles plus tard, en 1844, Babbage conçut le premier ordinateur (la preuve, il ne marcha jamais), une espèce de machine de Pascal perfectionnée et programmable avec des cartes perforées. Il la baptisa analytical engine, soit moteur analytique. Déjà. Pourquoi n'a t'on pas vu à l'époque qu'engine (engin) avait un destin plus vaste que moteur ? En fait on l'avait bien vu, mais on était sur une fausse piste : engin, depuis le 17° siècle, désignait chez nous le sexe masculin. Ach, zé vranzais, touchour la rigolade. |
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