![]() |
![]() ![]() |
![]() |
![]() ![]() ![]() ![]() |
![]() |
![]() ![]() |
![]() |
|
|
" Les sites de cul, au boulot, t'as intérêt à les bookmarker à part. " Il y a des emprunts directs à l'anglais qui sont des défaites, des lassitudes, ainsi du verbe booter ou du scanner. On aurait pu trouver une traduction, et le mot est obscur en français, mais on n'a pas trouvé. D'autres procèdent au contraire d'une petite jubilation, comme joystick ou bookmarker. Dans ce cas un équivalent français existe, officiel ou pas; mais on préfère ne pas s'en servir, parce que le mot d'origine est encore mieux. Le mot bookmarks a été introduit (bien que bookmarks évoque marque, l'usage est le masculin) par le logiciel Netscape Navigator. Ce logiciel de navigation (browser) était utilisé par la quasi-totalité des internautes francophones aux débuts de l'essor du web, c'est-à-dire jusqu'en 1996, et c'est sur lui que se sont formés les premiers mots du web en français. Les bookmarks constituent la liste des sites web que l'on préfère. Bookmarker un site consiste donc à l'inscrire dans sa liste, son carnet d'adresse. C'est un acte important, une élection, une distinction, un des moments aussi où l'on existe, où on exprime sa personnalité. En pratique, on ne peut pas utiliser Internet sans bookmarker les sites où l'on va souvent. La version française de Navigator a tout de suite parlé de "signets", traduction un peu littérale et littéraire de bookmark. Un bookmark est bien un signet, mais le verbe bookmarker ne peut pas se traduire adroitement par "signéter". Les traducteurs n'ont pas saisi que, par ordre d'importance, le verbe bookmarker venait avant le pluriel bookmarks, (qui constitue un nom collectif, la liste des adresses vaut en temps que telle, et plus que la somme des adresses), le singulier bookmark venant en dernière position. Or on a d'abord traduit la valeur qui avait le moins d'importance, le singulier du nom, sans se rendre compte que le reste ne fonctionnait pas. Microsoft, avec Internet Explorer, proposa dès 1995 les favoris (favorites en anglais). Ça ne marcha pas mieux que signet. Au handicap de départ d'une faible part de marché, Explorer ajoutait la même erreur que la version française de Navigator, décalée d'un cran cette fois: favoris fonctionne bien au pluriel, moins bien au singulier, mais plus du tout dans sa forme verbale. Signéter ne veut rien dire, mais favoriser, pire, veut dire autre chose. Disposant bien de deux traductions françaises du mot bookmark, les internautes ne possédaient toujours pas ce qu'ils voulaient, c'est-à-dire un verbe actif pour exprimer le fait d'élire un site au rang de ses préférés. Ils reprirent alors Bookmarker, verbe du premier groupe : je bookmarke, tu bookmarke, elles bookmarqueront. TendanceAssez ferme. Il existe bien des formes bien françaises mais lourdes : j'ai mis dans mes signets, dans mes favoris, j'ai mis dans mes cœurs, sur AOL. Mais Bookmarker se dit le plus souvent. Cela s'écrit peu, et peut-être la forme bookmarquer imposera-t'elle son q comme une petite scarification (un petit signe, un signet ?) valant visa français. Bookmarker bénéficiera peut-être à l'écrit de sa proximité graphique avec bookmaker, mais l'inverse est également possible. Il y a là cependant un trou dans le vocabulaire qui se comblera sûrement quand le grand public aura réellement adopté Internet en France. DicoRien. Les "mots de la cyberculture" d'Otman, chez Belin, connaissent bien "signet" mais ignorent le verbe. Les dictionnaires d'informatique sont muets. |
|
|
![]() |
Copyright 2000-2005 CLVE - Tous droits réservés |
![]() |