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L'univers automobile est peuplé de chevaux, de coccinelles, de jaguars, il y a eu des cobras, des mantas, des cougars, et même des portes papillons, et si les ailerons de requin des Chrysler de 1958 ont disparu, les voitures ont toujours des ailes. Le sabir cyber, lui, fuit l'animalité. Peut-être parce que dans l'imaginaire des pères de l'informatique, celle-ci était le comble de l'humanité cérébrale, l'opposé de la bête mue par ses pulsions. Malgré tout un petit nombre de bestioles ont pu se glisser dans le vocabulaire : les puces, en français uniquement, les bugs (en anglais), les virus (mais s'agit-il vraiment d'animaux ?), et la souris, unique mammifère du bestiaire cyber. L'ingénieur américain Doug Engelbart, principal inventeur ensuite de l'interface graphique, en déposa la demande de brevet en 1963. Il s'agissait à l'époque d'un simple dispositif de pointage (pointing device) sur un écran informatique. Il y eut même une version commandée à l'aide du genou de l'utilisateur. Engelbart attribue à ses collaborateurs le premier usage du mot mouse dans ce contexte : les premiers modèles étaient reliés à l'ordinateur par un fil qui partait de l'arrière de la coque de plastique, et non, comme depuis vingt ans, de la tête de la bête. Les boutons proéminents de ce prototype, formant des oreilles, sa queue dans le "bon" sens, rendaient la comparaison plus évidente qu'aujourd'hui. Quand le fil prit une place plus pratique, vers l'avant, et que les boutons furent intégrés progressivement à la coque, le mot survécut. Bien que ce dispositif ait été montré maintes et maintes fois pendant une quinzaine d'années, de 1968 à 1983, le grand public ne commença à utiliser le mot souris qu'avec la présentation du Macintosh en 1984, précédé de peu par le plus confidentiel Lisa du même constructeur. A partir de 1985, plus aucun micro ne fut proposé sans souris. La fortune du mot fut telle qu'elle engendra très sérieusement le mickey, unité de déplacement du pointeur d'une souris, valant 8 pixels, et signalée par exemple par Francis Wasserman ou le Dictionnaire encyclopédique bilingue de Microsoft Press. En américain, le pluriel de mouse (souris) nourrit de doctes débats : l'animal, au pluriel, se dit mice, et c'est ce que préconise notamment le New York Times s'agissant du pluriel de ce dispositif de pointage. Mais le mensuel Wired en tient pour mouses, arguant du fait qu'il s'agit d'autre chose que de l'animal, et que le monde moderne peut se débarrasser des complications orthographiques de l'ancienne économie. A chacun ses problèmes…. TendanceRadieuse. L'usage se répand d'appeler souris tout dispositif qui permet de déplacer une flèche sur un écran. La télécommande d'un "décodeur" de télévision numérique, le touchpad d'un micro portable, ce carré noir sur lequel on promène le doigt, la croix de la manette d'une console de jeu, sont de plus en plus souvent appelés souris dans les phrases du quotidien, quand il s'agit d'utiliser, à l'écran, des menus ou des icônes. Le mulot des Guignols de l'Info ne semble pas devoir dépasser le temps d'une mode. DicoUne fois n'est pas coutume, le nouveau sens du mot est signalé dès le milieu des années quatre vingt dans le Petit Larousse Illustré. Dans les autres langues européennes, si mouse devient maus en allemand, le mot anglais, totalement inusité en français, semble coexister très avantageusement avec ses traductions. |
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