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MIDI est un des plus jolis noms du cyber. Il évoque pour tout le monde le soleil et les vacances, et quand on est un peu dans ce bain, la musique. C'est au départ l'acronyme de Musical Instrument Digital Interface. En Français cela aurait donné INIM ou INPIM, pour Interface Numérique pour Instrument de Musique, on se félicite donc que l'abréviation américaine ait été conservée. Au départ, Midi était très discret, presque inaudible. Il s'agissait simplement de permettre la connexion de deux synthétiseurs de marque différente. L'idée fut lancée à l'automne 1981 à la convention de l'Audio Engineering Society par Dave Smith et Chet Wood, deux ingénieurs américains, créateurs d'un synthé célèbre à l'époque, le Prophet V. Il s'agissait simplement de se mettre d'accord sur une norme, initialement appelée USI, pour Universal Synthetizer Interface, qui permette de brancher un clavier sur un autre. Un an après, on parlait plus généralement de MIDI, et la première démonstration fut faite en 1983 au salon de la NAMM (North American Music Manufacturers) à Los Angeles. Ce fut un succès immédiat. L'adoption de la MIDI permit une explosion des ventes de synthétiseurs, qui passèrent en partie grâce à elle du statut de simple instrument particulier à la place qu'ils occupent aujourd'hui: remplaçants potentiels de tous les autres instruments. Mais la suite de l'aventure MIDI fut symbolique du cauchemar américain des années quatre-vingt: une invention américaine devint une spécialité japonaise. Car ce sont les deux fabricants japonais Yamaha et Roland qui profitèrent le plus de la norme. Pire encore, c'est eux qui ensuite la firent évoluer, et donnent aujourd'hui le La de toute l'industrie musicale. Derrière l'enjeu industriel, cette conquête japonaise n'était pas sans enjeu culturel. C'est qu'assez vite Midi cessa d'être seulement une spécification de la façon dont deux machines communiquent. Un projet beaucoup plus ambitieux naquit dans le chaos des innovations de la micro-informatique: il s'agissait ni plus ni moins de re-codifier la musique d'une façon radicalement différente des efforts accomplis en Occident depuis le Moyen-Age. Midi devint ainsi un langage de description d'un morceau de musique, considéré désormais comme une suite d'événements midi, c'est-à-dire une série de chiffres qui décrivent les notes, les durées, les volumes, les figures rythmiques, etc… La musique Midi est ainsi à la musique traditionnelle ce que l'image 3D est à la peinture ou à la photo, une abstraction commode, compacte, encore un peu fade, mais d'un grand avenir. Pendant longtemps, cette évolution resta connue des seuls musiciens professionnels. Dans les années quatre-vingt, on savait bien qu'il y avait désormais un rapport entre "numérique " et "musique", mais on croyait qu'il s'agissait de l'histoire du "disque laser" ou du CD. En fait, la véritable révolution, c'est Midi qui la préparait, et ses principaux développements sont encore devant nous. En 1991, alors que les cartes sons balbutiaient encore sur les PC, le standard General Midi (noté GM dans l'univers de la musique sur ordinateur) fut fixé. Le Général Midi décida que les instruments de musique de base seraient au nombre de 128: 1 serait le piano, 22 l'accordéon, les basses disposeraient de 8 places, de 33 à 40, etc… Au départ, et encore aujourd'hui la plupart du temps, la musique Midi sur un PC (un fichier dont l'extension est mid pour midi) était synonyme de mauvaise qualité avec un son d'orgue Bontempi pour enfants et un phrasé robotique. Mais la norme était puissante et se réservait ses meilleurs coups: la qualité du son dépendait seulement de celle des cartes-sons qui enferment dans leurs circuits des sonorités d'instruments lyophilisés. Le piano d'une carte à 1200 francs en 1992 était encore ridicule. Celui d'une carte à 500 francs en 1998 était déjà remarquable. A la fin de ce siècle, un PC bas de gamme vendu dans un hypermarché est capable de faire sonner un fichier midi comme une chaîne Hi-Fi. Et ce n'est pas fini. Internet souffla encore dans les voiles de Midi. Les fichiers enregistrés à cette norme (des midinets ?) étant très compacts (un fichier midi très élaboré dépasse rarement 100 kilo-octets, et son équivalent dans les autres normes sera au moins vingt fois plus gros), ce sont eux qui furent les premiers à se répandre sur le web. Dans le monde réel, après les claviers, les instruments à corde, les percussions, puis les vents se mirent à la norme. Des programmes de composition presque automatique, comme Band-In-A-Box, et l'essor de la techno firent le reste. La musique du début du 21° siècle sera Midi. TendanceMot encore spécialisé, mais en bonne voie d'intégration au langage courant. La musique a donné de nombreux mots au sabir cyber (console, clavier, plantage…), celui-ci en retour lui renvoit un terme de choix qui l'habillera au XXI° siècle. Terme d'ailleurs au sexe incertain. MIDI devrait être féminin, comme interface ou comme norme. Mais l'usage français est pourtant le masculin: le MIDI se dit, la MIDI n'est pas nette. Est-ce à cause du sens géographique du terme? Parce qu'on considère le MIDI comme un langage? Ou bien qu'on entrevoit déjà l'empire du midi ? DicoMIDI se trouve dans l'encyclopédie Encarta, dans l'Universalis en cherchant bien (à l'article "percussions"), et dans le Petit Larousse Illustré depuis 1997. |
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