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Carte sert énormément. Perforée, à mémoire, à puce, mère, fille, intelligente, graphique, la carte se décline à l'infini. Un PC est d'abord un jeu de cartes, rectangles verts grêlés de composants. Pour la plupart, ces cartes sont amovibles, si on les extrait des fentes (slots) dans lesquelles elles s'enracinent par des contacts dorés. Depuis l'Apple 2, c'est même cela qui a fait le succès du micro, cette capacité à évoluer simplement en changeant ou en ajoutant une carte. C'est ainsi aux cartes que la micro-informatique doit sa plus profonde originalité au regard de toutes les autres filières techniques. Un PC n'est jamais un objet fermé, un objet fini. En changeant ou en ajoutant une "carte" on peut le transformer en autre chose. Une carte son et un lecteur de cd-rom? Vous avez une chaîne HI-FI. Une carte tuner, et vous voilà avec une télévision. Ni la voiture, ni la hi-fi, ni la télévision, ni en fait aucun autre objet ne sont dotés d'une telle plasticité. Ce prodige passe par le ballet des cartes, par ce jeu facile où l'on peut tirer de nouveaux atouts d'un "talon" illimité qui s'appelle l'innovation technologique. Mais carte ne limite pas son empire à la chirurgie verte des entrailles de l'ordinateur. Des objets externes, propres et lisses, s'en vont nomadiser loin des tournevis cruciformes, et s'appellent aussi des cartes. Carte à puce, carte mémoire qu'on entre dans un appareil photo numérique, cartes-modem qu'on glisse dans un port PC-card. Ce qui les rend cartes? C'est d'être plates. Carte est un mot français qui vient de l'italien carta (au sens de carte de jeu), qui le tenait du latin, qui l'avait emprunté au grec, où "carté" signifiait feuille de papier. Quand ce papier était roulé on parlait de cartouche, mais c'est une autre histoire. La carte française passa en anglais, où elle donna card. Mais les cartes informatiques naissent cards, et reviennent au français dans un sens d'où le papier a disparu. Reste la platitude. Dans un univers de l'informatique où les ordinateurs sont des volumes, des boites, jadis très grosses, on désigna par carte les éléments plats qu'on entrait dedans. Le mot apparut dès les années cinquante et n'est donc pas propre à la micro-informatique. On parlait aux ordinateurs antiques avec des cartes perforées, et dans les années soixante-dix, les PTT utilisaient des cartes dans les centraux téléphoniques. En français, carte est utilisé surtout en géographie, là où l'anglais parle de map. Map vient d'ailleurs aussi du latin, où mappa était une… nappe. Ceci pour dire que la carte d'un micro n'a pas de rapport avec la carte d'un circuit électronique, au sens de schéma. En anglais, le premier carte devient card, mais le second se traduit par map. Cette fois, la subtilité et la précision sont du côté de l'anglais qui tire du latin deux mots différents pour distinguer un objet plat et rigide (card) de la représentation graphique d'une réalité (map). TendanceBeau fixe. Les cartes continuent à se multiplier. Carte bleue, carte de téléphone, cartes pour sortir d'un parking, cartes modem, cartes son, cartes de cantine, nous sommes dans une civilisation de la carte. Tout objet plat qui traite ou contient de l'information est une carte. DicoEncore un exemple de la proximité de l'anglais et du français, deux langues dans lesquelles l'extension de carte et de card sont proches, à l'exception des sens abstraits où map, et parfois chart, viennent en anglais morceler un domaine où en français carte règne sans partage. En italien, scheda et parfois piastra viennent rogner carta. En espagnol, tarjeta ne règne pas non plus sans rivaux, de même que Karte en allemand. |
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