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Bel exemple de faux mot anglais. Un scanner est, en micro-informatique, un appareil qui permet de numériser des documents, en principe en papier. C’est la moitié d’une photocopieuse, la fonction de l’autre moitié étant remplie par l’imprimante. L’emploi du terme est déconseillé par les autorités du Français, qui préconisent de lui substituer « scanneur » ou « numériseur ». Peine perdue, il suffit de lire un catalogue de produits de micro-informatique. Pourtant, si « scanneur » avait pris, on se serait retrouvé avec un mot aussi parfaitement français qu’il est possible de l’être. Car « to scan » vient en droite ligne du latin scandere qui signifie gravir, monter. On trouve la même racine en sanskrit. Scandere n’a pas donné directement ascension, ascenseur ou ascendant, qui sont passé par ascendere, verbe de même sens, mais on descend là dans les détails. Quel rapport entre l’alpinisme et les scanners ? Et bien il y en a un, et il fait un détour charmant par la poésie. C’est que scandere a donné en français scander, et scansion, la façon d’accentuer, à l’oral, le rythme d’un poème ou d’un discours. En anglais, to scand, abrégé en to scan a connu la même carrière. C’est d’ailleurs le premier sens donné par le Webster. Le verbe Scanner aurait ainsi pu désigner, à l’époque, la vérification en comptant sur ses doigts qu’un alexandrin a bien douze pieds. Très en avance sur son temps, le scanner fricotait donc déjà avec le digital. Par la suite, en anglais, ce mot précieux a voulu dire « examiner de près », ce qu’on demande à une sentinelle qui ne doit omettre aucun détail du paysage qu’elle surveille. Dans les années soixante, ce terme a été utilisé pour la première fois dans un contexte technique, en photogravure, pour des machines permettant la reproduction des illustrations d’un livre. Dix ans après, vers 1972, il était utilisé en médecine pour des dispositifs d’examen de l’intérieur du corps d’un patient. Ce n’est qu’ensuite, dans les années quatre-vingt, que son usage aborda les rives de la micro, sans doute à propos des lecteurs de code-barres. Les premiers scanners grand public, dans le sens actuel, n’ont été proposé qu’au tout début des années quatre-vingt-dix. TendanceScanner, nom qui s’écrit hélas comme le verbe qu’il a ré-engendré, est à l’aise comme un poisson dans l’eau de la langue qui en a transmis la racine ; ainsi scannage est-il aisément supplanté par scan. Mais chez nous, si le suffixe –er (prononcé –eur, sauf dans docker) devient la terminaison naturelle des mots qui semblent venir de l’anglais (dealer, broker, computer, browser...), on peut se demander si, pour une fois, il ne serait pas un juste combat d’imposer l’orthographe officielle de scanneur qui, d’abord, correspond à la prononciation, et ne serait ensuite qu’une renationalisation légitime. DicoA côté du sens médical, celui de l’imprimerie ou de la micro-informatique, un scanner désigne aussi un appareil, illégal, qui permet de détecter les radars de la police sur la route. Mais aucun dictionnaire ne le mentionne. Seul l’Espagnol, avec explorador, échappe, pour l’instant, à scanner. |
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