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Les micros ne bootent pas au débotté, hélas ils rebootent de plus en plus lentement. On en vient même parfois à envisager de les bouter à coup de bottes hors de notre existence. Un micro est en effet un objet étrange qui connaît trois états : mort, vif, et en voyage de l’un à l’autre. Le Charon de ce Styx qui sépare la rive de l’extinction de celle de l’utilité s’appelle le boot. Ce terme, en usage au moins depuis les années soixante, est lui-même le raccourci de bootstrap, mot anglais qui désigne la boucle de cuir qui aide à chausser une botte. L’image est limpide, elle évoque une introduction difficile. Et de fait, la complexité des ordinateurs fait que ce petit programme a de plus en plus de boulot. Son rôle est un peu celui du clairon qui réveillait la caserne : tout le monde est furieux et il passe ensuite la main au sergent qui va mettre tout ça en ordre de marche. Le sergent, dans un micro, s’appelle le système d’exploitation. Dans le monde moderne, pétri de l’idéologie de la communication, ce sergent donne ses ordres par d’interminables palabres avec tout son petit monde : imprimante es-tu là ? Tu es sure ? Et toi le modem ? J’ai pas compris… ah bon, je te passe le processeur. Et ainsi de suite. Pendant ce temps-là, nous, on attend. Et dans l’autre sens, ce sera pareil pour éteindre. Et si on est trop pressé, et qu’on éteint la caserne, le temps gagné en apparence sera reperdu au prochain réveil, car tout le monde se sera couché en désordre avec ses affaires dans la cour. Injustement, on dira que c’est la faute au clairon, donc au boot. Pour le punir, les commissions de terminologie ont d’abord décidé de le rebaptiser amorce. Pour une fois, le terme aurait pu marcher car il est déclinable : amorcer, secteur d’amorce, amorçage. Mais le vrai français a de la mémoire et des oreilles : boot, ça vient tout droit de botte. Une vraie invention française, ni latine ni germaine. Dans les années soixante, les boots de Carnaby Street avaient ainsi tout de suite trouvé pieds à leur chaussure et des bouches innocentes pour trouver le mot furieusement in. Ce n’était qu’un de ces allers et retours qui n’ont pas attendu le tunnel sous la Manche. Ça c’est pour la mémoire, mais pour l’oreille, le Français qui connaît son Mallet et Isaac sait que Jeanne d’Arc voulait bouter les Anglais hors de France. Ce son ne saurait trahir. Et bouter, pratiquement plus utilisé hors du contexte de cette citation historique, a repris du service (militaire) sous une autre orthographe pour désigner l’interminable violence quotidienne que les micros font à notre patience quand ils émergent de leur hébétude électronique.. TendanceTrès ferme, droit dans ses bottes. Tout juste périodiquement nous annonce-t-on, sans rire, la fin prochaine du boot, comme sur les petits ordinateurs de poche. DicoLa botte de radis et celle de sept lieues n’ont pas la même origine. La première est hollandaise (francique) et la seconde française. Quant à bouter, ce mot de violence, il ne prospère plus que par les coups de boutoir. Complément à la suite de la publication dans Le Monde :Philippe Cibois, de l’université de Versailles, précise : « Il me semblait que l'expression "bootstrap" faisait allusion au baron de Münchhausen qui se soulevait de terre en se tirant par ses sangles de bottes. Il s'agit de s'auto-léviter, ce que fait l'ordinateur en lançant le programme qui va le lancer. Cyrano faisait de même en jetant en l'air l'aimant qui l'attirait ensuite vers le ciel. » |
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