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Bien que computer ne soit pas très utilisé en français, sauf implicitement dans le C de PC, et que son usage soit fermement déconseillé par les autorités en charge du lexique (Journal Officiel du 19 février 1984), bien qu'ordinateur fonctionne très bien en son lieu et place, j'ai envie de vous dire tout le bien que je pense de computer. Il aurait très bien pu être repris en français par computeur (ce qui fut le cas très brièvement vers 1964), car c'est un mot encore plus ancien en français qu'ordinateur. Computer vient du latin computare qui à donner directement, à un u près, compter. Mais surtout, pendant plus de mille ans, de la basse antiquité au moyen-âge, le comput fut l'équivalent de ce qu'on appelle aujourd'hui les maths, entendues comme matière scolaire. D'après Eginhard son biographe, Charlemagne ne savait guère que le comput (et la baston), lui qui s'exprimait dans un sabir germain et baragouinait le latin. Le comput était plus que la calcul car il avait une fonction à la fois religieuse et pratique: calculer la date de Pâques et des changements de saison. Pas de vie religieuse, pas de cathédrales, sans le comput. La Renaissance, retrouvant les racines grecques sous un emballage arabe - en fait les grands mathématiciens musulmans n'étaient pas arabes mais persans ou ouzbeks, comme on dirait aujourd'hui - remplaça le comput par les mathématiques, ce qui est plus classe mais plus pénible. Ça va avec. Ordinateur, réinventé en 1954 sur une commande d'IBM par Jacques Perret, prit également son élan de loin. Le premier sens du mot est attesté en 1491, "celui qui institue quelque chose". Le mot avait évolué ensuite principalement autour de l'ordination (des prêtres) dans le monde ecclésiastique. Au 18° siècle, il prit la valeur d'un adjectif (rare): ce qui donne de l'ordre, ce qui établit un classement. A l'époque où on croyait encore au Tour de France, on aurait pu écrire: "Le Tourmalet, ce juge de paix, sera le col ordinateur du peloton". Pourquoi être allé dépoussiérer ce mot précieux? Parce qu'à l'époque, Perret ne traduisait pas tant computer, encore inusité outre-Atlantique, que "data processing machine", soit mot à mot "machine de traitement de données". Ordinateur, c'était surprenant, mais plus court et bien mieux. Mais les Américains de leur côté faisaient le même travail pour aboutir à computer. En français, computeur aurait très bien fait l'affaire. TendanceOrdinateur, bécane, babasse, PC, micro, micro-ordinateur ne laissent aucun espace à computer, sinon dans la bouche d'anglophiles très ploucs que l'on rencontre de préférence dans les hautes sphères des entreprises qui relèvent le défi de la mondialisation. Dico
Le Grand Robert connaît encore le terme de computeur, en le
qualifiant - grave erreur - d'anglicisme rare. Le petit u qui le sépare de
computer fait toute la différence. Computeur est un gallicisme précieux,
computer est de l'anglais de manager. |
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