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Le mot de l’année 1999, évidemment. Cette « erreur de programmation se manifestant par des anomalies de fonctionnement », selon la plupart des dictionnaires, reste déconseillée, en vain, par les autorités du français. Nous devrions dire « bogue », au féminin, et ce depuis quinze ans (JO du 19 février 84, oh pardon ! 1984). Bug, un des mots animaliers du cyber, avec souris et puce, a pourtant une origine intéressante. Le bobard le plus ancien du domaine d’abord : une des pionnières de l’informatique, Grace Hopper, une militaire inventeur du COBOL (le langage justement dans lequel furent écrits la plupart des bugs de l’an 2000) relatant, le 9 septembre 1947, la réparation d’une défaillance d’un des premiers ordinateurs, le Mark2, par la découverte d’un papillon de nuit dans les circuits de l’appareil. Depuis cinquante ans, c’est cette histoire qui est colportée : des insectes (bugs) venant se coller aux circuits des machines et provoquant des pannes, et par la suite l’invocation de ces insectes pour expliquer n’importe quel problème. Mais c’est une grosse erreur étymologique. Le rapport de Grace Hopper se concluait ainsi : « c’est le premier cas réel de bug (d’insecte) à avoir été trouvé ». Il s’agissait donc d’une remarque ironique, attestant au passage que le sens du mot (bug comme panne) était préalable à l’anecdote. De fait, Hopper elle-même exposa plus tard que le terme était en usage chez les spécialistes du radar durant la seconde guerre mondiale. On trouvera même dans le « Hawkin’s new catechism of electricity » de 1896 la définition suivante : « le terme de bug est utilisé pour désigner tout problème ou erreur dans le fonctionnement d’un appareil électrique ». Il semble que l’origine du mot remonte aux débuts du télégraphe électrique : un des appareils d’émission en morse – un clavier Vibroplex – avait un scarabée dessiné dessus et était d’un maniement délicat. Les débutants utilisant « l’insecte » avaient tendance à introduire des perturbations sur la ligne. L’univers informatique, sans doute plus que les autres négligeant sa propre mémoire, a encore moins de respect pour celle des autres techniques. Ainsi donc aujourd’hui un bug informatique est-il, à tort, un pléonasme. Bogue, le mot officiel, a aussi quelques mérites. D’abord celui de concilier la proximité phonétique avec le mot anglais et son sens essentiel : un bug se découvre brutalement par accident, comme la main se pique sur les épines d’une bogue de châtaignes. Cette découverte brutale et désagréable est le seul point commun des bugs, qui, à part ça, ont toutes sortes de formes et de causes. L’autre mérite de bogue est son origine, les efforts successifs du Québec et du magazine L’Ordinateur Individuel, à l’orée des années quatre-vingt, pour mener un combat obscur d’appropriation par le français d’un déluge de termes qui n’intéressaient à l’époque qu’une poignée de pionniers. Mais aujourd’hui, un journal qui écrit « bogue de l’an 2000 » semble avoir été victime d’un bug d’imprimerie. TendanceGabriel Otman, dans « Les mots de la cyberculture », (Belin, 1998) donnait rendez-vous à 2000 pour savoir qui de bug ou de bogue triompherait. Dans les médias en tout cas, le combat semble avoir cessé faute de combattant : bogue est mort dans ce siècle. DicoMême dans leurs éditions 2000, en revanche, le Larousse comme le Hachette en tiennent pour bogue, au masculin quand même. |
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