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Europe, octobre 1989 : des foules d’Allemands de l’Est commencent à manifester autour des grandes villes de RDA, annonçant la chute prochaine du mur de Berlin. A cinq cent kilomètres de là, à la frontière franco-suisse, un informaticien anglais, Tim Berners-Lee, commence à écrire un programme qu’il appelle « World Wide Web ». Travaillant au CERN, il poursuit, dans l’indifférence propice de ses supérieurs, une idée qu’il avait déjà inscrite dans un programme de 1980 nommé « Enquire Within ». Il s’agissait de permettre de stocker des documents en établissant librement des liens entre eux. Au lieu qu’un fichier soit dans un répertoire, lui-même dans un autre répertoire, et ainsi de suite dans une organisation en arbre, ce programme proposait d’accéder aux documents par des liens définis librement par les utilisateurs. En représentant cela sur un papier, les liens s’entrecroisaient comme les fils d’un tissu. C’est cette idée de tissu qui présida au choix du mot web, attesté en anglais dès le 12° siècle, venant de wefan, verbe d’ancien anglais d’origine scandinave qui a donné to weave, tisser. Web est certes utilisé dans spiderweb, toile d’araignée, mais peut se traduire aussi par entrelacs, ou réseau, et signifie également palme (d’un oiseau palmipède). Tim Berners-Lee, lui, put sans doute s’entêter dans son idée pendant près de dix ans parce qu’il avait de qui tenir : ses parents furent des pionniers de l’informatique anglaise, donc de l’informatique tout court, et sa mère fut en particulier une des premières personnes à écrire un programme informatique « commercial », destiné aux entreprises civiles. Son programme « World Wide Web » fut terminé en un an, le temps de passer de la chute du Mur à la guerre du Golfe, et, adopté comme outil de travail par les physiciens du CERN, il fut distribué gratuitement sur Internet en même temps que l’URSS disparaissait, en août 1991. Encore un an après, pendant la campagne électorale de Clinton et Al Gore (les autoroutes de l’information), le Congrès américain votait une loi autorisant les usages commerciaux d’Internet, jusque là réservé aux militaires et aux scientifiques. Il faudra ensuite un souffle pour que le mot web deviennent pour beaucoup synonyme d’Internet. A tort puisqu’il n’en désigne qu’une partie, certes la plus grand public, la plus spectaculaire, mais la plus tard venue. Au Québec, on proposa très vite le mot toile comme traduction de web. Avec à l’esprit l’idée de toile d’araignée. D’ailleurs le mot complet « world wide web » est parfois traduit par « toile d’araignée mondiale ». Mais cette proposition n’est pas complètement satisfaisante, et c’est peut-être ce qui explique son succès très relatif. D’une part une toile d’araignée n’est pas très ragoûtante, mais surtout elle évoque un réseau qui converge vers un centre, au demeurant maîtrisé par un carnivore, ce qui n’était pas du tout l’inspiration de Berners-Lee. Son idée, au contraire, était celle d’une organisation radicalement décentralisée, comme un tissu. Une toile d’araignée est bel et bien tissée, mais, en français, on peut craindre que l’évidence de sa forme n’occulte le secret de sa texture. Sans doute notre langue a-t-elle plus de mal que d’autres à exprimer la décentralisation. TendanceWeb prolifère : non content de désigner un tout, le Web, il en désigne souvent les parties (le web de Canal Plus), utilisé comme synonyme de site (web). Webmaster remplit les pages d’offres d’emploi. Et les oracles de baragouiner : la génération web aura-t-elle une web attitude ? DicosPrésent dans toute les langues, le mot a enrichi les maigres deux pages de la lettre W du Petit Larousse en 1997, avec cette traduction lapidaire : « réseau, abréviation de l’anglais World Wide Web ». Depuis, ça s’est enrichi, mais guère éclairci. |
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